France-Soir
©Stephane Mahe/Reuters
À Ezhou, près de Wuhan, la Chine expérimente une nouvelle révolution porcine : des élevages industriels verticaux de 26 étages abritant jusqu'à 260 000 cochons. L'unité, inaugurée récemment, fonctionne comme une usine automatisée à la précision chirurgicale. C'est hallucinant.
"Un mètre carré par cochon, une salle de contrôle bardée d'écrans, un système automatisé de distribution d'aliments et une ventilation millimétrée", vante Jin Lin, directeur de l'exploitation. L'entrée dans la zone d'élevage impose trois jours de quarantaine, impossible donc pour les journalistes de la visiter. Seule certitude : 250 tonnes de déjections solides sont produites chaque jour, dont une partie sert à alimenter une cimenterie voisine. La promesse d'un élevage propre et high-tech séduit, car une deuxième tour est en construction à quelques mètres de la première. Selon France Info, plus de 200 tours similaires sont déjà en service dans le pays.
Mais derrière la prouesse technique se cache une réalité bien plus nauséabonde pour les habitants de Hongqiao, village situé en contrebas. "Ça pue tous les jours... Nous ne pouvons pas survivre ici", s'indigne une résidente. Sit-in réguliers, plaintes au gouvernement local, exaspération collective : la population rejette fermement un modèle agricole qu'elle juge toxique pour sa santé. Malgré les promesses de capteurs à puanteur et de filtres à air dernier cri, ça pue.
Le porc est la viande la plus consommée en Chine. Si l'avenir de sa production passe par le ciel, il semble aussi creuser un gouffre entre les ambitions industrielles et le bien-être des riverains.